Avec le début des Championnats du Monde de Natation Petit Bassin, le Qatar se rappelle à nous. Le sport est un très bon outil de communication et offre une médiatisation importante aux pays organisateurs. Le Qatar organise donc en ce moment même des championnats du monde, organisera en janvier 2015 le Championnat du Monde de Handball homme et en 2022, sous les feux des projecteurs du monde entier, la Coupe du Monde de football.
De nombreuses polémiques, avec preuves à l’appui, ont dénoncé le Qatar comme pays esclavagiste mais pour autant, la FIFA ne lui en a pas retiré l’organisation. Plusieurs organisations internationales ont amené des preuves mais peu d’actions ont été prises. Comme lors des Jeux Olympiques d’Hiver 2013 organisés par la Russie à Sotchi, cela posait problème par rapport aux lois homophobes du pays (quelques polémiques par rapport à l’esclavagisme avaient également fait surfaces, mais pas à l’échelle de celles du Qatar).
Le CIO avait donc renié un de ces six principes fondateurs avec l’attribution des JO à la Russie, le 4ème :
« La pratique du sport est un droit de l’homme. Chaque individu doit avoir la possibilité de faire du sport sans discrimination d’aucune sorte et dans l’esprit olympique, qui exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play. »
Depuis 2010 et l’attribution de l’organisation de la Coupe du Monde au Qatar, la FIFA suit ce mouvement, même lorsque des images des conditions de vie des travailleurs sont publiées dans les journaux et sur internet, et par des organismes internationaux tels que Amnesty International ou l’Organisation Internationale du Travail, institution spécialisée des Nations Unies.
4.000 VIES HUMAINES, LE VRAI COÛT DE CETTE COUPE DU MONDE
L’estimation du nombre de travailleurs faite par Amnesty International s’élève à environ 1,5 millions d’immigrants, avec un apport d’environ 500.000 travailleurs nécessaires pour finir les travaux pour 2022. 40% de ces travailleurs proviennent du Népal, d’autres viennent d’Inde (dont l’ambassade à reçu plus de 1.400 plaintes en rapport aux conditions de travail en 2012), du Pakistan, du Maroc, etc.
On leur promet un salaire, qui très souvent ne vient pas (il y a, en moyenne, un an de retard lorsque les travailleurs sont payés) ou ne correspond pas à la somme sur laquelle l’employeur s’était mis d’accord. Les conditions de travail prévalues par la loi qatari ne prévoient pas plus de 10 heures de travail par jour, le travail entre 11h30 et 15h étant interdit. Mais les travailleurs sont forcés de travailler sous plus de 50°C, sans accès à de l’eau potable gratuite.
De plus, à chaque investigation réalisée par Amnesty Internationale, en 2012 et 2013, les rapports confirment les coupures d’électricité et et le manque d’eau courante. Ils confirment également l’impossibilité pour les travailleurs de quitter le pays, les passeports étant confisqués et les employeurs refusant de faire les démarches administratives pour obtenir des permis de séjour à leurs travailleurs immigrants.
Ce mondial est le plus coûteux, et non à cause des 100 milliards de dollars prévus, mais par le nombre de vies perdues pour que les bâtiments soient livrés à temps. L’estimation est de 600 morts par an, ce qui revient à environ 2 morts par jour. En 2012, un des hôpitaux de Doha a enregistré environs 1.000 cas de blessures causé par des chutes d’une hauteur importante, ce qui montre le manque de sécurité des chantiers.
Les autres causes de mortalité sont les crises cardiaques (« cardiac arrest » dans le document à gauche), dues à la chaleur et au manque d’hydratation et de nutrition, et les accidents de la route (« RTA » dans le documents à gauche).
LES ACTIONS DE LA FIFA
La FIFA s’est plusieurs fois dite préoccupée des conditions de travail des travailleurs, mais pour l’instant, la seule mesure prise effective a été de déplacé le mondial à l’hiver, pour que le public ne souffre pas trop de la chaleur. Sepp Blatter a également confirmé que ces problèmes étaient « en cours de traitement », mais pour le moment, les travailleurs n’ont pas vu leurs conditions s’améliorer. En septembre 2014, un des membres du gouvernement Qatari s’est dit « consterné ». Le Qatar s’est engagé à améliorer ses lois, à mettre en place de nouvelle charte mais aucun changement n’a été enregistré (rapport d'Amnesty Internationale publié en novembre 2014).
Traduction : Ce que le gouvernement à fait : En septembre 2014, le gouvernement a annoncé aux Nations Unies qu’il changerait ses lois pour protéger les droits travailleurs, qu’il criminaliserait les violences domestiques et s’assurerait qu’une définition large du crime serait appliqué pour que la protection de toutes les personnes concernées. Aucune loi n’a été passée. Progrès : aucun.
Le sport est donc prêt à oublier ses valeurs, si souvent louées, pour le business. Après les JO de Sochi qui ont montré que l’instance la plus importante du sport mondiale, le CIO, ne respectait pas ses propres principes inscrits dans sa charte olympique, la Coupe du Monde 2022 nous montre qu’importe peu le nombre d’instances internationales et de preuves, le business passe avant tout. Il reste encore 6 ans avant que cette Coupe du Monde n’ait lieu, on peut garder l’espoir que la FIFA prenne une décision importante. Mais le Qatar est un pays puissant, qui saura peser fort pour faire pencher la décision en sa faveur. Michel Platini, en réponse à Blatter, avait déjà confirmé que les jeux politiques influençaient les attributions des JO et des Mondiaux.