Le monde du football a été récemment éclaboussé par des affaires de corruption. La FIFA (Fédération Internationale de Football) ainsi que son président Sepp Blatter ont été et sont encore pointés du doigt.
Le 27 mai dernier, quatorze personnes, dont 9 officiels de la FIFA ont été inculpées par la justice américaine. Parmi ces 9 officiels, sept ont été arrêtés à l’hôtel Baur au Lac de Zurich très tôt dans la matinée (A noter qu’un de ces sept officiels a été extradé vers les Etats-Unis le 15 juillet). Il est nécessaire de le préciser, la FIFA et la justice suisse l’ont répété, il existe deux affaires qui n’ont aucun lien entre elles.
La première est celle qui a mené à l’inculpation des 14 personnes et à l’arrestation de 7 officiels de la FIFA. La justice américaine leur reproche d’avoir « sollicité et reçu plus de 150 millions de dollars en pots-de-vin et rétrocomissions » sur une période étalée entre 1991 et 2015. Plus précisément, sont concernées par cette affaire l’attribution de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud, éventuellement celle de 1998 qui s’est déroulée en France, l’élection à la présidence de la FIFA de 2011 et la commercialisation des droits média et marketing de matchs ou de compétitions joués sur le continent américain : éliminatoires de la Coupe du Monde dans la zone Concacaf (Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes), des éliminatoires et des phases finales de la Coupe Concacaf. Est également dans le collimateur l’organisation de la Copa America 2016 qui va se dérouler pour la première fois aux Etats-Unis, organisée conjointement par la Concacaf et le Conmebol (Confédération de Football d’Amérique du Sud).
Alors, plusieurs questions peuvent se poser sur cette affaire. Comment ces informations ont-elles pu être récupérées ? Pourquoi ces arrestations ont-elle eu lieu deux jours avant le Congrès de la FIFA au cours duquel le futur président allait être élu ? La France peut-elle être inquiétée au sujet de la Coupe du Monde 1998 ?
Pour répondre à la première question, l’enquête s’est accélérée à partir de 2011 quand Charles Blazer, alors qu’il faisait partie du Comité exécutif de la FIFA, a commencé à coopérer avec le FBI (agence de renseignements américaine). Il avait accepté d’enregistrer des conversations avec d’autres responsables de la FIFA.
Ensuite, concernant le moment de la sortie de l’affaire, le directeur de la communication et des affaires publiques de la FIFA, Walter de Gregorio a déclaré que « les autorités avaient tout le monde sous la main à Zurich ». En effet, les Etats-Unis ont surtout profité du Congrès annuel de la FIFA pour demander l’interpellation des dirigeants. Mais nous pensons qu’il y a aussi la volonté de choisir un moment symbolique afin d’avoir une couverture médiatique absolument colossale. Et pour cause, tous les médias se sont emparés de cette affaire depuis le 27 mai.
Concernant l’attribution de la Coupe du Monde 1998, la France était en compétition avec le Maroc. Mais, l’affaire concernerait l’achat d’un vote du Maroc à Jack Warner, l’un des officiels inculpés par la justice américaine.
Il faut souligner que cette première affaire est gérée par la justice américaine du fait de la localisation des évènements sportifs en cause.
Ensuite, la seconde affaire concerne, quant à elle, l’attribution des Coupes du Monde 2018 en Russie et 2022 au Qatar, ces attributions ayant eu lieu le 2 décembre 2010. Le 27 mai, la justice suisse a annoncé avoir saisi des documents électroniques au siège de la FIFA à Zurich et prévoit l’audition de dix personnes ayant participé au vote. Cette affaire est gérée par la justice suisse. En effet, les enrichissements illégitimes correspondants se seraient produits en partie en Suisse et le siège de l’institution est situé en Suisse. Concernant cette affaire, il faut souligner qu’un rapport rendu fin 2014, le rapport Garcia, avait révélé des irrégularités dans le processus de désignation des pays hôtes.
Ces affaires ont créé un véritable scandale dans le monde du football et de grandes personnalités ont réagi très violemment. Comme on pouvait s’y attendre, ils sont choqués et semblent tous découvrir le grand manège. Comme s’ils pouvaient nous faire croire qu’eux mêmes croyaient qu’à la FIFA, les bizounours étaient aux ordres. Diego Maradona, ancienne gloire, interrogé par le Daily Telegraph a notamment déclaré « Nous avons un dictateur à vie. Sous Sepp Blatter, la FIFA est devenue une honte et une douloureuse gêne pour nous autres qui aimons le football ». Quant à Frédéric Thiriez, président de la Ligue de Football Professionnel (LFP), il s’est exprimé dans ces mots : « Je suis profondément choqué et attristé par l’image du football que donne cette arrestation. J’ai fait de la corruption l’un de mes chevaux de bataille. Si les faits de corruption sont avérés, c’est extrêmement grave et je souhaite que la police et la justice aillent jusqu’au bout ».
Mais ces affaires n’ont pas empêché la FIFA de procéder aux élections qui se sont déroulées comme prévu le 29 mai, et ce malgré la contestation virulente du président de l’UEFA, Michel Platini. Sepp Blatter, président depuis 1998, était candidat à sa réélection pour briguer un cinquième mandat. Face à lui se présentait un seul opposant, le Prince Ali. Sepp Blatter a terminé en tête des votes après le 1er tour mais un second tour devait être organisé à défaut de majorité absolue. Mais entre temps, le Prince Ali s’est retiré et Sepp Blatter a donc été réélu.
Cependant, nouveau rebondissement, le 2 juin dernier, il a été dit que Sepp Blatter avait « démissionné » de ses fonctions. Il faudrait revenir un instant sur cette formulation qui n’est pas tout à fait exacte. En effet, lors de sa conférence de presse, M. Blatter n’a jamais parlé de démission. Pour preuve, le prochain congrès électoral de la FIFA ne se déroulera pas avant le mois de décembre 2015. En attendant, Sepp Blatter demeure le président de la FIFA et il a notamment la charge d’organiser ces prochaines élections.
En attendant, ces affaires sont très graves et les choses ne font que commercer. Aussi, nous avons notamment eu la confirmation que la FIFA a versé une somme de 5 Millions d’euros à la Fédération Irlandaise de football après la fameuse main de Thierry Henry en barrages de la Coupe du Monde 2010 dans le but d’éviter tout procès. Pas forcément une pratique très nette qui en dit long sur les modes de fonctionnement de cette institution qui risque de continuer à faire parler d’elle. Quant à Sepp Blatter, il s’agira de voir à quel point il est protégé. En attendant, il n’a pas fini de faire parler de lui. Il avait notamment déclaré que finalement il ne démissionnerait pas et il avait attaqué personnellement Michel Platini et Nicolas Sarkozy en les déclarant responsables de l’attribution de la coupe du monde au Qatar.
Toujours est-il que de nouvelles élections auront lieu le 26 février 2016 et nous savons maintenant depuis une dizaine de jours que Michel Platini sera candidat, alors que Sepp Blatter ne le sera pas.
Un retour à un football propre et pur ? Nous pouvons en douter…
