Il était l’enfant-roi du football français. Le premier footballeur en herbe devant lequel les portes de Clairefontaine se sont ouvertes avec un an d’avance – ce qui est d’autant plus exceptionnel à un âge où les disparités physiques lui conféraient des allures de moineau, face à des molosses déjà solidement dotés sur le plan athlétique (il suffit, pour s’en convaincre, de regarder les photos de N’Siabamfumu et Bellaïd datées de l’époque). Lui, le gamin né en 1987, avait ainsi integré la promotion 1986, celle des Diaby, Jourdren et autres Faty. Pareil cas ne s’est plus jamais produit depuis lors. Cela est une preuve en soi de l’exceptionnelle précocité d’un garçon porté aux nues avant même la signature de son premier contrat pro.
Ben Arfa est né avec des dons extraordinaires ; il se situe au sommet de ce que la nature peut offrir à un footballeur. Des qualités que Claude Dusseau, éducateur principal à Clairefontaine, dont le paternalisme à l’égard de ses jeunes pousses n’avait d’égale que la bienveillance, résume ainsi : une technique extraordinaire, une capacité-aérobie (calculé grâce à la Vo2 Max, test d‘endurance) étonnante eu égard à sa vivacité, et une vélocité extrême sur les cinq premiers mètres à la course. Il fait partie d’une lignée très prestigieuse : celle des gauchers à la grâce divine, capables de gestes à nuls autre pareils. Il affolait la crème des recruteurs européens à 13 ans à peine sonnés. Sir Alex Ferguson en personne couvrait sa famille de cadeaux dans l’espoir d’attirer le prodigieux banlieusard, tandis que la cellule de recrutement du Barça faisait des pieds et des mains pour l’enrôler à la Masia.
La litanie des joueurs et entraîneurs l’ayant qualifié de “meilleur joueur qu‘ [ils] aient jamais vu à l‘oeuvre“ est longue comme le bras : Abidal, Pape Diouf, B. Lacombe, Domenech, Toulalan, Aulas, Gerets, Juninho… Samir Nasri, camarade des équipes de France jeunes, répète régulièrement qu’il est le joueur le plus doué de sa génération. Vous l’aurez compris, son génie est loué de façon unanime par ses pairs.
Mais toute médaille a son revers, comme l’indique l’adage. La grandeur et la décadence du natif de Clamart ont déjà été narrées mille fois en d’autres lieux. Sa nonchalance, son goût peu prononcé pour l’effort, ainsi que son immaturité et son impulsivité… autant de défauts qui ont empêché le diamant brut de devenir joyau. Son profil psychologique instable, fruit d’une starification excessive et trop précoce, lui a joué des tours avec ses coéquipiers et ses coachs successifs.
Son passage à Marseille ressemble à un vaste gâchis, la faute à l’entêtement psycho-rigide de Deschamps, qui, contrairement à Gerets, l’a circonscrit toute la saison au rôle humiliant de joker. Quant on sait que ses concurrents se nommaient Valbuena ou Abriel… La stratégie dégradante du médiocre pedagogue basque était aussi sournoise que lâche : en sachant son joueur confiné au banc de touche et utilisé uniquement comme “impact player“, il était gagnant à tous les coups. Si la rentrée du joueur en cours de match ne faisait pas basculer le sort de la rencontre, elle confirmait la clairvoyance des choix du coach ; si, au contraire, le joueur se montrait décisif, DD déclarait a posteriori que la place de Ben Arfa était bien sur le banc, puisque le joueur ne savait être décisif qu’en tant que joker ! Cercle vicieux, reproduit à perpétuité. Telle était la peine du bagnard Ben Arfa.
Newcastle sonne donc un peu comme sa dernière chance de devenir le “top player“ auxquelles ses capacités le prédisposent. Les premiers indices d’un épanouissement outre-Manche sont par ailleurs déjà apparus. Lors de sa première titularisation, il a décoché une frappe aussi soudaine que limpide partie nettoyer la lucarne de Tim Howard, le portier d’Everton. Cela a suffi à son équipe pour emporter un succès précieux à l’extérieur, denrée rare en Premier League, où la concurrence fait rage à tous les étages du classement.
Surtout, son attitude sur le pré comporte déjà son lot de promesses : en dehors des actions individuelles de classe dont on le sait capable depuis longtemps, il a aussi fait montre d’une implication defensive de tous les instants et d’une capacité à faire jouer ses partenaires très encourageante. Mieux encore : il ne s’est pas dégonflé dans le combat physique et a fait preuve, dans les duels et les impacts, d’une solidité physique surprenante pour un novice en la matière. On peut imaginer que le fait de se frotter à des tacleurs et des armoires à glace tels que Sol Campbell, Joey Barton ou encore Coloccini à l’entraînement lui fera le plus grand bien pour se préparer aux joutes physiquement intransigeantes de Premiership.
Néanmoins, il convient de rester prudent. Avec Hatem Ben Arfa plus qu’avec quiconque, les promesses sont rarement suivies d’effets. À lui d’acquérir la constance nécessaire à tout rêve de grandeur. Ce serait une bonne nouvelle pour le football français, qui ne peut pas négliger son talent le plus pur. Son profil est rare, et Laurent Blanc compte sur lui pour bâtir un groupe capable d’aller ravir l’Euro 2012 à l’arrogante Espagne.
Ben Arfa, Benzema, Menez et Nasri ont déjà été sacrés champions d’Europe en 2004, avec l’équipe de France des -17 ans. Ils s’étaient imposés 1 à 0 lors de la finale… contre l’Espagne de Fabregas et Piqué !
L’Histoire est un éternel bégaiement, comme dirait l’autre. On fait un pari ?
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