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Euro 2017: Ou sont les femmes ?

Par Juliette Hurier, le 31-01-2017

Photo: analyzethiz.fr

 

Souvenez-vous l’été dernier. Des hordes de supporters patriotes et désinhibés dans les rues, la ferveur de tout un peuple derrière une équipe et les projecteurs du monde entier tournés vers la France ? Tout le monde était préparé pour l’Euro 2016 et tout le monde s’en souviendra.

Néanmoins, ma préoccupation concerne aujourd’hui l’avenir, celui de l’Euro 2017. Car oui, il y aura bel et bien un nouvel Euro, mais cette fois ci, c’est l’équipe féminine qui mettra sa réputation en jeu. Une réputation qui n’est plus à faire dans le cercle très restreint du football féminin mais qui passe inaperçue auprès du grand public. En effet, il semblerait que les exploits de nos jeunes footballeuses ne bénéficient pas de la couverture médiatique qu’elles méritent, au profit de leurs confrères masculins. Pourtant, la réalité est là : le classement FIFA de 2015 considère l’équipe de France de football féminin comme la troisième meilleure équipe du monde, derrière l’Allemagne et les Etats-Unis. Chez les hommes, l’équipe de France n’est relayée qu’à la septième position (derrière la Colombie ou le Chili). C’est pourquoi il me semble intéressant de chercher une réponse à la question : pourquoi les Bleues n’intéressent-elles pas d’avantage les Français ? Simple machisme dans le sport, histoire d’argent ou performances décevantes ?

Tout n’est pas aussi simple lorsque l’on mêle sport et politique.

l’hypothèse de la performance me semble devoir être écartée. En effet, même lorsque l’équipe masculine s’est portée au plus bas, d’un point de vue aussi bien sportif qu’éthique, les media leur ont toujours accordé une place de choix. « Les Bleues n’ont jamais gagné une compétition internationale de grande ampleur ! » m’a-t-on déjà dit… Mais cet argument relève selon moi de la mauvaise foi alors que la France n’a à son palmarès que la Coupe du Monde de 1998, une victoire qui commence à dater dans la mesure où les espoirs du foot masculin actuels n’étaient même pas nés à l’époque. 1998 s’impose désormais comme un mythe et permet aux supporters lambda de reposer leur conscience sur la grandeur de l’équipe de France.

C’est pourquoi faut-il peut être chercher la réponse à notre question dans des histoires d’argent, que l’on connait épineuses dans le milieu du football. En effet, le football est devenu un business à part entière qui permet à la fois aux publicités (un spot publicitaire de 30 secondes sur TF1 le soir de la coupe du monde pouvant monter jusqu’à plus de 300 000€), aux chaînes de télévision et aux spectateurs (via les paris sportifs) de gagner énormément d’argent. D’où l’absence sur les grandes chaînes et dans les grands médias de matchs de football féminin, ou même de sports peu médiatisés, qui intéressent peu les spectateurs. De manière schématique, des femmes avec un ballon, ça ne fait pas vendre !  Ce manque de visibilité joue donc directement dans l’entretien des inégalités de salaires entre les joueurs et les joueuses. Des études ont estimé que le salaire moyen d’une joueuse professionnelle allait de 1500€ à 4000€ (pour la plus chanceuse), alors que celui des joueurs de ligue 1 tournait autour de 50 000€ par mois. Il semblerait que cette inégalité des salaires ne fasse qu’entretenir la machine déjà lancée en démotivant la plupart des jeunes joueuses.

Il existe certainement d’autres grandes raisons à l’absence des footballeuses sur la scène médiatique.

je m’attarderai sur l’une des raisons que l’on tente de délégitimer régulièrement : le machisme ancré dans la mentalité du monde du football.  Pour démontrer cela, je me permettrai de faire part d’une anecdote personnelle. Il y a quelques années, je jouais au foot dans une équipe mixte au niveau débutant. Etant la seule fille dans l’équipe, les remarques sexistes venant des autres joueurs (pourtant très jeunes) ne manquaient pas, à coup de : « une fille ça ne joue pas au foot de toute façon ». Et cette expérience n’est pas un cas isolé. En effet, force est de constater que certains sports en France sont victimes du système genré, dans lequel on considère que les filles doivent faire de la danse et les garçons doivent faire du foot, à l’image de certains films comme Bend it like Beckham en Angleterre. Mais c’est aussi un cas bien français dans la mesure où le football ou soccer aux Etats-Unis est largement pratiqué par les filles.

Ainsi, il est difficile d’analyser précisément les causes de l’absence d’intérêt porté par les Français au football féminin. Néanmoins, on remarque pas à pas une tendance à l’éveil des consciences, qui laisse penser que finalement, les footballeuses ont également leur place sur le terrain. En espérant que l’Euro 2017 emprunte cette voie.

 

Juliette Hurier

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