L’hiver, la pire des solutions
« C’est la pire des solutions ! » continue de s’exprimer Frédéric Thiriez, président de la Ligue de Football Professionnel, sur la décision de jouer le mondial 2022 en hiver, entre novembre et décembre. En effet, dans quelques jours, la FIFA tranchera sur cette décision qui fait polémique depuis déjà plus de deux ans.
Si ce mondial vient à se jouer en hiver, cela forcerait plusieurs championnats dans plusieurs pays à s’arrêter complètement pendant sept semaines (trois semaines pour la préparation et quatre semaines de compétition). Cet arrêt serait synonyme d’un manque à gagner très important pour les clubs car les chaînes qui retransmettent les ligues nationales et européennes pourraient vouloir signer un contrat bien moins important que les autres années, sachant que les clubs de foot vivent majoritairement des droits TV. Pour le championnat anglais, cela reviendrait à renoncer à une institution : le Boxing Day, ce jour entre Noël et le Nouvel An où tous les matchs se jouent.
Ce mondial au Qatar peut être résumé en deux chiffres
188,9 milliards d’euros : c’est l’équivalent du PIB du Qatar et c’est ce qui est investi, pour le moment, dans la construction des stades, d’une ville entière et des chambres d’hôtels (qui selon certaines sources ne seront pas suffisantes pour accueillir les quelques 4 millions de touristes prévus pour cette coupe du monde).
Camp de travail d’immigrants. Crédit photo : Shaival Dalal.
1200 : c’est le nombre de morts, à ce jour, sur les chantiers pharaoniques de ce mondial. La Confédération Syndicale Internationale a déjà donné l’alerte plusieurs fois, ainsi que le BIT (le Bureau International du Travail, qui fait parti de l’Organisation Internationale du Travail, agence spécialisée de l’ONU) et les diverses ambassades auxquelles sont rattachés les nombreux travailleurs étrangers, dont principale l’ambassade Népalaise. Mais le Qatar n’a toujours pas pris une seule mesure significative.
A savoir que le total de morts, à ce jour, pour l’organisation de la Coupe du Monde 2018 en Russie n’est ‘que’ de 8, pour la Coupe du Monde 2014 au Brésil n’a été ‘que’ de 7. Seuls les Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi avaient presque atteint la centaine de morts avec 60 décès sur les chantiers. Et même les Jeux Olympiques d’été à Pékin n’avait fait ‘que’ 10 morts !
Mais ce que la FIFA, les fédérations et ligues nationales retiennent de cette Coupe du Monde ne sont pas les 4 000 voire 5 000 ouvriers qui seront morts sur les chantiers mais bien la décision de l’organiser en hiver et la multiplication par plus de 20 du financement nécessaire à l’organisation de l’évènement.
